Titre : L'Écho d'Alger : journal républicain du matin
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1948-09-22
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327596899
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 22 septembre 1948 22 septembre 1948
Description : 1948/09/22 (A37,N13681). 1948/09/22 (A37,N13681).
Description : Collection numérique : Thème : Littérature Collection numérique : Thème : Littérature
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10396
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/04/2019
CERDA
CHAMPION DU MON
au PALAIS DE CHAILLOT
M. Vincent Auriol
a ouvert la troisième session
de l’Assemblée de l’O.N.U.
L’ECHO D’ALGER
TROIS EDITIONS QUOTIDIENNES
20, ru« de la Liberté, AlgiT. Tel. 373-80, 81, 82 (373-83 entre Æ rn a ki/-r Publicité- Armr, Af,.- ■ n
2 ** 6 h - matin). Adr. tel. Echo d’Alger. Ch. px Alger 19-25 O FRANCS AGENCE HAVAS, 57, rue d’Isly, Alge^Tél.* 352!82^83
Mercredi
22
Septembre
1948
37' année
13.681
PAR
SPECIAL DE NEW-YORK
et l’on procède au vote. Au second
tour, M. Herbert W. Evatt, ministre
des Affaires étrangères de l’Australie,
est élu, par 31 voix contre 20 à son
malheureux adversaire.
L'O.N.U. devra, dés demain, s’atta
quer aux quelque soixante questions
inscrites à son ordre du jour. Puis-
se-t-eïle nous apporter la paix, cette
paix pour laquelle est mort cet hom
me < de bonne volonté » qu’était le
comte Bernadotte. Puisse son ultime
sacrifice n’être pas vain.
“Avec angoisse nous voyons s'attiser
les foyers d'incendie; le monde se
paralyse lui-même par ses peurs, ses
égoïsmes, ses préjugés ... ”
P ARIS (de notre rédaction parisienne). — Toute la jour
née, des avions ont sillonné le ciel de Paris traçant en
signe de bienvenue les initiales de l’organisation des
Nations unies.
En effet, c’est h 15 heures que s'ou
vrait au Palais de Chaiilot la session
ar.nuèlle de l’Ô.N.U.
Le cadre choisi par M. Trygve Lie
est. le plus séduisant et le plus gran
diose de notre capitale : de la ter
rasse, des pelouses d’un vert étince
lant descendent en pentes douces jus
qu’aux bords de la Seine. Pénétrant
aàns l’aile gauche du palais dite « aile
de Paris », nous sommes frappés par
la magnificence des lieux. La -salle
a été entièrement transformée ; un a
surélevé la scène ou est installé le
bureau présidentiel. Les cinquante-
huit drapeaux entourant l’emblème
des Nations Unies — terre encerclée
par deux branches d’olivier — for
ment le fond mural.
Dehors, une foule difficilement con
tenue par un service d’ordre pourtant
Important, éclate en bravos et en
hourrahs : Mme Franklin Roosevelt
descend de voiture et est reconnue.
Entourant la pièce d’eau, la garde
républicaine en grand uniforme rend
les honneurs au president de la Ré
publique qui est reçu à sa descente de
voiture par te secrétaire général et le
conduit ensuite a la salle des séances
où M- Juan Atilio Bamuglia, ministre
des Affaires étrangères de la républi
que Argentine et président de la pré
cédente session, lui souhaité la bien
venue.
Le discours
de M. Vincent AURIOL
Prenant alors la parole, M. Vincent
Auriol déclare : < La France est heu
reuse et fière de recevoir à Paris la
troisième assemblée des Nations unies
C'est la cité d’où s’envola à travers le
monde la devise « Liberté, Egalité,
Fraternité » qui vous accueille, c'est
le peuple qui dans les plus sombres
Jours garda intacte et invincible l’es
pérance, qui vous salue aujourd’hui
avec Joie et confiance »
Puis M. Vincent Auriol rend hom
mage à la Charte de l'Atlantique.
« Trois ans sont passés, depuis la
fin des hostilités mondiales. Il ne
semble pas, pour autant, qu’on se
soit approché de la paix. L’insécurité
demeure. Des passions et des inté
rêts viennent irriter et compliquer les
oppositions déjà existantes. Les ma
lentendus croissent. Les intransigean
ces »e crispent. Les négociations traî
nent. Les traités restent en suspens.
Avec Inquiétude, nous sentons gran
dir la méfiance entre les peuples.
Avec angoisse, nous voyons s’attiser
le», foyers d’incendie. Le monde se
paralyse lui-même par ses peurs, ses
égoïsmes, ses préjugés.
v Le bon sens des peuples inter
roge : s’il est vrai que toutes les na
tions veulent la paix, s’il est vrai
que tous les gouvernements déclarent
la guerre effroyable et absurde,
qù’est-ce donc qui fait obstacle à
l’organisation de la paix ?
» Il suffirait d’une bien faible par
tie des ressources et des revenus qui
Ont été prodigués dans la guerre pour
assurer durablement la coopération
politique et économique des nations.
Et les principes solennellement pro
clamés: les pactes solennellement
conclus, les engagements jurés, ne
«eront-ils que la charte des morts,
quand ils doivent être la sauvegarde
des vivants ? »
Le président de la République, lon
guement applaudi, se retire et, après
un très long discours, M. Juan Atilio
Bamuglia déclare ouverte la troisième
session de l’O.N.U.
M. Evatt est élu président
de l'Assemblée
Avant de passer au vote pour la
présidence, M. Trygye Lie prononce
l’éloge funèbre du comte Bernadotte
et du colonel Serot. Une minute de
silence est observée par les délégués
M. Spaak, élu président
de la Commission politique
Palais de Chaiilot (F.P.). ■— Après
l’élection de M. Evatt à la présidence
de l’Assemblée, celle-ci s’est ajournée
et transformée en commission politi
que qui a élu comme président M.
Spaak, premier ministre de Belgique,
par 48 voix contre 7.
Pour des raisons spéciales
La France avait décliné
la candidature à la présidence
Paris (F.P.). — La délégation lati
no-américaine. qui s’était rendue au
près de M. Robert Schuman pour in
citer la France à poser sa candida
ture à la présidence de la troisième
session de l’O.N.U., est revenue, vers
minuit, à la légation de Colombie,
rapportant la réponse négative du
président du Conseil français. Celui-
ci, tout en remerciant encore une
fois les latino-américains pour l hom-
mage qu’ils rendent à la France, n’a
PU que décliner, une fols de plus,
leur proposition. Il a réaffirmé que
son pays, pour des raisons spéciales
ne ferait pas acte de candidature à
l’assemblée.
Sir Oliver Harvey, ambassadeur de Grande-Bretagne
et M. Bevin au Quai d’Orsay
Schuman
La question
palestinienne
Les conclusions
du rapport
Bernadotte :
BASE «TABLE
BE RÈGLEMENT
déclare M. Marshall
Palais de Chaiilot (F.P.). — Dans
une déclaration écrite, remise cet
après-midi à la presse, M. Marshall,
secrétaire d’Etat américain, déclare
que « les conclusions du rapport du
comte Bernadotte constituent une
base équitable pour le réglement de la
question de Palestine ».
Le représentant des Etats-Unis à
l’assemblée de l’ON.U. ajoute que le
gouvernement américain Insiste vive
ment auprès des parties intéressées et
auprès de l'assemblée pour que les
conclusions du nîédiateur disparu
soient adoptées dans leur ensemble
comme base du rétablissement de la
paix en Palestine.
La dépouille mortelle
du colonel Sérot
est arrivée à Paris
Paris (F.P.). — Les deux avions
transportant les corps du comte Ber
nadette et du colonel Serot sont ar
rivés à Orly à 11 h. 15.
L'avion transportant le corps du
comte Bernadotte a quitté Orly à ml
di, après la cérémonie qui s’est dérou
lée sur l’aérodrcme.
La dépouille mortelle
du comte Bernadotte
est arrivée à Stockholm
Stockholm. — La dépouille mortelle
du comte Bernadotte est arrivée ce
soir, à 18 heures, à Stockholm. Une
courte cérémonie a eu iiêu à l’aéro
drome Bromma, en présence de la
veuve du comte et de ses fils, du
prince Oscar Bernadotte. de la prin
cesse Sibylle et du ministre des Af
faires étrangères suédois, M. Unden.
Tony ZALE
ar aba
P ™
a ï£tï
VI A-W.
nvoyes spéciaux
LÉVITAN
ROUSSEL
ERN UNION
APRES LES INCIDENTS
DE GRENOBLE
Les obsèques de M. Voitroin
ont eu lieu hier
Grenoble (F.P.). — Les obsèques de
M. Lucien Voitrain, mort samedi à
Grenoble lors de la venue du général
de Gaulle ont eu lieu cet après-midi
sans incident.
635.000 prisonniers
allemands n'ont pas encore
été rapatriés
Hambourg (F.P.). — D’après le ser
vice de recherches des prisonniers de
guerre allemands. 635.000 prisonniers
allemands n’auraient pas encore été
rapatriés. Sur ce chiffre, 425.000 se
trouveraient encore en Russie et en
Roumanie.
Les incidenis de Grenoble
évoqués à FÆssemMée
La confiance est votée au gouvernement
pour assurer le maintien de l’ordre public
Le décret Régnier est abrogé
P
ARIS (F.P.). — La séance de l'Assemblée est ouverte à 15 heures
sous la présidence de M. Hefriot, en présence de M. Jules Moch,
ministre de l'Intérieur. L'ordre du jour appelle la fixation de
Dufour (com.) et Grimaud (M.R.P.)
la date des interpellations de MM.
sur les incidents de Grenoble.
Le débat' a pris aussitôt un carac
tère politique. Il a duré plus de qua
tre heures.
« La République sera défendue »,
s’est écrié M. Jules Moch à la fin
d’un discours et à la fin du débat,
c’est par 330 vçix contre 181, celles
des communistes, que la priorité a été
donnée à l’ordre du jour Cudenet-de
Menthon-Lu.ssy, qui fait confiance au
gouvernement pour « assurer le main
tien et le cas échéant la défense des
libertés républicaines et l’ordre pu
blic ».
« Nous ferons appel dans le pays
â l’union de tous les républicains »,
s’est écrié le président du groupe so
cialiste, M. Lussy, « et nous défen
drons la liberté envers et contre
tous ».
Version des incidents
Cette déclaration résumait celles
faites précédemment par MM. Poim-
beuf (M.R.P.) et Lebail (socialiste).
Les deux députés de l’Isère, MM, Du-
iour et Grimaud, font un récit des
incidents et le mini:tre de l’Intérieur
déclare que ce récit paraissait exact.
— Lorsque vers la fin de l’après-
midi le général de Gaulle eut parlé,
son entourage lui conseilla de quitter
Au cours de leur deuxième réunion sur Y affaire de Berlin
ont abouti
accord
pense-t-on à Washington
Les généraux Clay, Robertson, Kœnig ont égale
ment tenu conseil au Quai d’Orsay
Les trois
à un
P ARIS (F.P.). — La seconde réunion des trois ministres
des Affaires étrangères des puissances occidentales ou
verte au Quai d’Orsay à 18 heures s’est terminée à 20
heures.
A 17 h. 50, MM. Schuman et Couve
de Murvllle arrivaient, venant du pa
lais de Chaiilot, suivis bientôt de
M fil. Jefferson Oaffery et Mac Neil.
A 1? h. exactement, MM. Marshall
et Bevin paraissaient à leur tour. Le
général Kœnig descendit de voiture
moins d’une minute plus tard.
La question allemande a fait l’ob
jet de cette deuxième réunion comme
de celle d’hier. M. Marshall, qui
tervalle par MM. Mac Neil et Charles
Bohlen, les entretiens ont continué
entre les trois généraux Lucius Clay,
Robertson et Kœnig et leurs consile-
lers qui ont quitté le Quai d’Orsay à
20 h. 20.
M. Bevin a regagné Londres
Paris. — M. Bevin, secrétaire d’Etat
est au Foreign Office, est- reparti, ce soir
corfcl le premier, a répondu aux jour- pour Londres afin de participer de-
nali.stes : < Pas de commentaires ». main au débat de politique étrangère
M. Bevin est descendu ensuite se des Communes. Il sera de retour a
refusant également à toute déclara- Paris jeudi matin,
tion.
Le départ de M. Bevin est inter
prété dans les milieux diplomatiques
de Washington comme signifiant que
les trois ministres des Affaires étran
gères ont abouti à Paris à une con-
p-il- ( yp) — Après le départ de clusion quant à la suite qu’ils ont
M Georges Marshall et de M. Ernest l’intention de donner à 1 affaire de
Bevin, suivis à quelques minutes d’in- Berlin.
Entretiens des gouverneurs
des zones occidentales
rapidement la ville pour éviter les
incidents. Les communistes tenaient,
une réunion à un kilomètre de là et
avaient promis de ne pas se rendre
là où le général parlait. Mais quand
la nouvelle parvint que le chef du
R.P.F. s’en était allé, les manifestants
communistes se dirigèrent vers l’en
droit où le R.P.F. avait tenu sa réu
nion. A ce moment, les voitures jeep,
sur lesquelles se trouvaient notam
ment des hommes de couleur, se ren
contrèrent avec le cortège commùniste
et on tira sur celui-ci. Puis les voi
tures quittèrent la ville. Cependant,
les communistes réagissaient, alors
que les membres R.P.F., habitant Gre
noble, se réfugiaient dans une salle
où la police procéda à une fouille.
Aucune arme ne fut trouvée sur eux.
Demandes d'explications
Aucune contestation n’intervenant
sur les faits, sauf de la part de AI.
Terrenoire, qui n’apporte aucun élé
ment nouveau, c’est sur l’écrit qui
animait les manifestants que s’est
étendu le débat.
M. Grimaud a demandé : « Le choc
s’étant produit avec la garde du gé
néral de Gaulle, comment se fait-il
que dans cette garde se trouvaient
des officiers en tenue ? Qui leur a
donné la permission nécessaire ? D’où
viennent les autos, les jeeps, l’essence
du général ? »
Un autre membre du M.R.P., M.
Poimbœuf, prend à partie directement
le général de Gaulle : « Quand on
célèbre le libérateur exclusif on mé
connaît la résistance active et inces
sante d’un peuple. Quand cet homme
était au pouvoir avec une Assemblée
sans pouvoir, qu’a-t-il fait ? »
♦ SUITE PAGE 3
Le Conseil
de la République
aborde la discussion
des projets fiscaux
Paris (F.P.). — Le Conseil a abordé
cet après-midi la discussion du pro
jet de redressement financier. Par
214 voix contre 87, il a repoussé la
question préalable, posée par M. Ber
lioz, au nom du groupe communiste.
Au cours de la discussion générale
qui s’est poursuivie en séance de nuit,
Mme Brion (com.) a annoncé que son
groupe votera contre le projet. Pour
M. Reverbori (soc.) il faut avant tout
en finir avec le déséquilibre des sa
laires et des px*ix qui ne peut aboutir
qu’à des désordres souhaités par les
fauteurs de troubles.
Le groupe socialiste demande au
gouvernement de préciser quelles sont
les satisfactions qu’il va pouvoir ap
porter aux légitimes réclamations des
salariés, comment va-t-il faire baisser
les prix de certains produits essentiels
comme la viande ? Que compte-t-il
faire pour les vieux ?
A la demande de M. Brunhes (R-
G.R.). la prochaine séance est fixée
à demain mercredi 15 heures.
En Conseil de cabinet
Première étude
du problème
salaires-prix
Le gouvernement s'oriente
vers une politique de baisse
di» prix de la viande
Paris (F.P.). — Le Conseil de ca
binet. réuni ce matin à 11 heures,
a poursuivi ses délibérations jusqu'à
13 h 30.
A l’issue de la réunion, M. François
Mitterand, secrétaire d’Etat à la Pré
sidence. a déclaxé : « Les membres
du gouvernement se sont penchés
particulièrement sur les problèmes
des salaires et des prix. Cette ques
tion sera à nouveau étudiée demain
en Conseil des ministres »• /
D’autre part, MM. Coudé du Fo-
resto et Pflimlin sont Intervenus sur
le problème de la viande. M. Mitte
rand a fait remarauer, à ce sujet
que le gouvernement s’orientait vers
une politique de baisse du prix dé
la viande.
En ce qui concerne le projet de loi
relatif aux élections cantonales le
secrétaire d’Etat à la Présidence a in
diqué que l’Assemblée était maîtresse
de ses décisions, et que le gouverne
ment entendait observer sur cette
question une stricte neutralité.
Le Conseil des ministres
se réunit- ce matin
Paris (F.P.). — Le Conseil des mi
nistres se réunira demain matin, à
9 h. 30. à l’Elysée, sous la présidence
de M. Auriol.
L’ordre du jour prévoit tout d’abord
une communication de M. Robert
Schuman sur la situation internatio
nale. Le Conseil sera également con
sacré à l’expédition d'un certain nom
bre d’affairss courantes ainsi qu’à la
discussion des méthodes de prépara
tion du programme d’investissement
pour l’année 1949.
M. Naegelen a éfé reçu
par M. Vincent Auriol
Paris (F.P.). — Le président de la
République a reçu notamment au
cours de la matinée, MM. Naegelen.
gouverneur général de l’Algérie ; M.
Surdon, président de la cour d’appel
d’Alger, et Bidet, conseiller de l’Union
française.
, LE GOUVERNEMENT DANOIS a in
formé officiellement la Ligue arabe
qu’il prenait à sa charge l’entretien de
dix mille réfugiés arabes de Palestine.
L’AMIRAUTE BRITANNIQUE vient
d’ordonner la remise en état immé
diate d’un certain nombre de navires
de la flotte de réserve. Une centaine
de ces navires seront ainsi révisés
avant la fin de l’année.
UNE. EXPEDITION BRITANNIQUE
a découvero, dans les parages des îles
Falkland, quatre Ilôts non encore
portés sur les cartes marines.
DES BAGARRES ont eu lieu à Bruxel
les au cours d’une manifestation or
ganisée par les amitiés bélgo-sovièti-
ques pour protester contre la projec
tion du film américain € Le rideau
de fer ». v
au 12 e round
Le champion français
dominé
New-York (via Western Union). — Un journaliste est-il un homme comme
es autres . Ou, plus exactement, peut-il en conscience se considérer semblable
* u * autres nommes et laisser parler son cœur parfois même contre la logique
a l impitoyable rigidité ? Je me suis déjà posé ces questions, hier soir, après
avoir dîné avec Marcel Cerdan et en me mêlant à la foule bigarrée de Broadway
où les enseignes lumineuses clignotent à un rythme endiablé et ruissellent
tout au long des maisons comme des cascades étincelantes .
Pourquoi ? Parce qu’c l’heure meme ____________
Le sourire confiant de Marcel Cerdan
La pesée des deux champions
New-Jersey (F.P.). — La pesée de
Tony Zale et de Marcel Cerdan a don
né lieu aujourd’hui, au gymnase de
Jersey Garden, à une interminable
cérémonie.
Avant de monter sur la bascule, les
deux rivaux durent se prêter à une
répétition générale au profit des pho
tographes, abusant sans pitié de la
bonne volonté des deux champions
qui, se souriant au - début, devinrent
par la suite manifestement nerveux.
Commencées à midi dans la petite
salle du gymnase, pleine à craquer de
journalistes, photographes et' cinéas
tes, les formalités ne prirent fin qu'à
lïildi quai an ter Avant la pesée, tan
dis que la basucule était vérifiée par
des représentants de l’Office des poids
et mesures. Cerdan et Zale furent
examinés par le docteur de la Com
mission de boxe de l’Etat de New-
Jersey qui confirma la bonne condi
tion physique des deux hommes.
Zale :
Cerdan
72 kg. 12!
: 71 kg. 667
Entouré de ses managers Sam Piam
et At Winch, Tony Zale se dévêtit
puis monta sur la bascule qui accusa
72 kgs 121. Cerdan lui succéda aussi
tôt et M. Abe Green, président du la
N.B.A., annonça 71 kgs 667. « Il y a
longtemps que Je n’avais été aussi
léger », lança joyeusement Cerdan,
qui a précisé n’avoir mangé que très
légèrement hier soir.
Tandis que le boxeur français an
nonçait vouloir dévorer maintenant
un steak « grand comme ça », Lucien
Roupp déclarait : « Afin d’éviter la
mésaventure de Chicago, le docteur
Jurmaud veillera sur la nourriture de
Marcel et prendra garde à ce qu’il
ne mange pas avec avidité ».
Au Roosevelt-Stadium
30.000 spectateurs environ ont pris
place rapidement dans le stade en
plein air du Roesevelt Stadium de
Jersey-City. Les drapeaux français et
américain flottent au mat du stade.
Les compatriotes de Cerdan sont
nombreux. La cote à considérable
ment, remonté en faveur du cham
pion d’Europe.
Quelques instants avant le début du
match, Georges Carpentier s’approche
du micro et s’adresse aux sportifs
français pour les rassurer sur la forme
et la confiance de Marcel Cerdan.
Celui-ci, en effet, semble particu
lièrement calme et charge le reporter
de la radiodiffusion d’un message à
l’intention de sa femme et ses enfants
à qui il tient à dire qu’il leur rappor
tera le titre de champion du monde.
A 9 h. 56, heure américaine, le
speaker, avant même que les boxeurs
montent sur le ring, annonce le cham
pionnat du monde et présente les
vedettes venues assister au match. Il
annonce les poids : Cerdan : 71 kg.
667 ; Zale : 72 kg. 121»
Accompagné de Lucien Roupp et
protégé par les policemen, Cerdan ar
rive le premier au bord du ring. Il
est obligé d’attendre la fin des pré
sentations et monte enfin sur le ring,
bientôt rejoint par Tony Zale qui va
aussitôt lui serrer la main. La diffé
rence d’allure des deux boxeurs frappe
les spectateurs, le Français plus petit
mais plus trapu et semblant bien
plus souple.
Et c’est la « Marseillaise ». Les
30.000 spectateurs se lèvent et applau
dissent-la fin de "notre hymne natio
nal. Une vedette de la radio américai
ne monte sur le ring et chante l’hym
ne « Star Sprangeld Banner ». Le
speaker présente les boxeur:
l’appel de son nom, se lève à peine de
son tabouret. Les applaudissements
sont bien plus nourris pour Zale. Et
dans une atmosphère assez nerveuse
c’est le premier coup de gong.
où Marcel Cerdan touche au but et
qu’il nous faut du même coup formu
ler un pronostic sur l’issue du combat,
je ne suis pas certain du tout de pou
voir préjuger de l’avenir avec tout le
bon ^ sens désirable. L’amitié qui me
lie à Cerdan, plus sans doute que cer
tains confrères (parce que la sympa
thie ne s’explique pas, qu’elle naît dans
un mouvement spontané et ne subit
souvent ni l’altération des ans ni celle
de l’éloignement ) me fait espérer en
son succès. D’autres , je le sais, ont eu
le courage —— à moins que ce ne soit
vne certaine fraîcheur de sentiment à
l’égard de Cerdan — de ne pas le sup
poser capable de battre Tony Zale.
Peut-être seront-ils dans le Vrai. Mais,
au ri-que de prendre certaine licence
avec les règles journalistiques qui exi
gent une parfaite objectivité, je pré
fère, à six mille kilomètres de notre
patrie commune, me laisser entraîner
par un engouement aveugle plutôt que
de refréner mes élans avec une sévé
rité fort honorable en soi mais qui m’ap-
parait monstrueuse lorsque j’y réfléchis
bien et imagtfie à l’avance l’émotion qui
va m’étreindre lorsque, dans quelques
instants, je me retrouverai à mon banc
de la presse au centre de la pelouse
du Roosevelt Stadium, entouré des
30.000 spectateurs Venus assister au
massacre du « frenchman » dont on leur
a dit et répété, dans leurs gazettes
de cinquante pages, qu’il ne dépasserait
pas cinq rounds.
Je n’aurai pas l’audace, si mes con
frères américains sont muets, d’encou
rager Cerdan, mais je me promets bien,
par contre, si j’en entends un seul for
muler un encouragement à l’adresse de
Tony Zale, de hurler des : « Vos-y Mar
cel... » comme le plus forcené des ha
bitués des populaires du Vél’ d’Hiv’. Ce
sera la première fois, en vingt ans de
journalisme, que je m’abandonnerai, mais
au moins en vaudra-t-elle la peine...
Un message de Cerdan
aux sportifs français
« Soyez persuadés que je ne serai
Marcel a pas k.o. Je souffrirai certes parce que
la bataille sera très dure, mais je res
terai debout.
» Je me méfierai pendant cinq
rounds et pendant ce temps Zale ne
verra pas un pouce de mon menton. »
Tony Zale
Le film du combat
AVANTAGE A CERDAN
PREMIER ROUND. — Cerdan at
taque le premier. Zale répond en cro
chets. Cerdan riposte en crochets.
Deux corps à corps séparés par l’ar
bitre. Encore deux corps à corps. Za
le attaque encore, Marcel joue des
gants, puis crochets gauche, droit. At
taque violente et Zale est touché au
menton. Excellente garde de Cerdan.
crochets au visage de Cerdan. Un
terrible crochet du gauche de Cer
dan touche. Cerdan mène. Légère at
taque de Zale. Cerdan reprend. Deux
crochets touchent Zale. Mais ce;ui-
cl riposte violemment.
Round pour Cerdan. Zale a paru
surpris par la vitesse de Cerdan. La
droite de Cerdan est efficace.
AVANTAGE A CERDAN
^ DEUXIEME ROUND. — Garde
fermée de Cerdan. Attaque très vio
lente du Français, riposte de Zale. Cer
dan réagit vite en crochets.'L’arbitre
sépare deux fois les adversaires. Zale
essaie de placer un uppeicut qui se
perd- Un direct du gauche touche
Cerdan qui saigne légèrement d’une
coupure au front. Vaines attaques de
Zale. Nouvelles attaques de Cerdan en
crochets. Zale ralentit et s’appuie dans
les corps à corps.
La blessure de Cerdan semble due
à un coup de tête.
Avantage du round à Cerdan.
4 y TROISIEME ROUND. — Obser
vation. directs réciproques du gau
che qui ne touchent pas. Violente
attaque de Zale terminée en corps à
"Je ne boxerai plus
que pour le titre mondial”
m’a déclaré CERDAN
(De notre envoyé spécial F. LEVITAN)
N
EW-YORK vio Western-Union (de notre envoyé spécial). — Dons
le vestiaire de Cerdan, nous avons laissé s'écouler le flot des
admirateurs venus féliciter le nouveau champion du monde et
dans une intimité relative enfin recouvrée nous avons voulu rappeler
à Marcel ce qu'il nous avait confié sur ses projets. Il avait d abord été
très éticent craignant qu'il lui soit tenu rigueur de confidences mal in
terprétées. Enfin rassuré et au surplus mis en confiance par notre vieil
le amitié, Marcel avait consenti à se livrer.
« Voilà ! C’est tout simple, dit-il.
Comme j’étais monté sur le ring avec
l’idée que je l’emporterai certainement,
j’ai basé tout mon avenir sur le titre
de champion du monde. Je me suis
résolu à ne jamais plus combattre à
droite et à gauche, contre tel ou tel
adversaire, qu’il soit Français ou étran
ger, petit, gros ou moyen ; blond,
brun ou roux. Je ne boxerai plus que
pour le titre mondial. D’abord, une re
vanche avec Zale, elle est obligatoire.
Vous ne saviez peut-être pas que je
ne toucherai pas de bourse pour mon
combat de ce soir. Je ne l’encaisserai
qu’après le match revanche. Puisque
j’ai battu Tony Zale une fois, il est
probable que je le battrai un e seconde.
Je suis plus jeune que lui, donc les
ans qui passent sont plus lourds
porter nour lui que pour moi. »
— Alors, c’en est fini de vos mat-
ches en France ?
— Vous pouvez dire en Europe, ouV
Je m’en excuse auprès de tous nies
amis, mais ils comprendront, j’en suis
sûr, qu’un champion du monde doit
conserver ses forces intactes en vue
de la revanche qu’il doit disputer.
» Ma carrière sera, dès lors, sem
blable à celle de Joe Louis. Deux
grands matclies par an préparés soi
gneusement, longtemps à l’avance,
après des mois de repos; des exhibi
tions, tant qu’on voudra, mais pas
de batailles. Si mes mains réparées
tiennent bon mardi, il s.era indispen
sable de les conserver intactes pour
d’autres choses d’égale importance.
Encore une fois, j’en serais désolé
pour mes compatriotes, mais il ne
m’est pas possible d’agir différem
ment. Cela ne serait pas sage. »
La résolution de Marcel ne va pas
manquer de révolutionner la prochai-
ne saison pugilistique en Europe. Les
organisateurs “ parisiens, bruxellois et
londoniens, qui comptaient sur Cer- cerdan^ accule Zale dans les cordes
corps. Zale attaque en crochets. Nom
breux corps à corps séparés par l’ar
bitre. Cerdan poussé dans les cor
des réagit violemment. Crochets de
Cerdan. Zale a les traits tirés. Ter
rible crochet de Cerdan mais Zale
contre. Attaque de Cerdan en cro
chets des deux mains. Corps à corps
et Zale s’appuie de plus en plus sur
Cerdan.
Round en léger avantage de Cer
dan.
^ QUATRIEME ROUND. — Légers
directs de Zale à la face de Cerdan-
Corps à corps séparés. Cerdan ferme
toujours sa garde et attaque en cro
chets, Zale riposte et rentre en corps
à corps. Crochets des deux mains de
Zale. Cerdan a un jeu de jambes ma-
enifique qui déconcerte Zale. Violente
attaque de Zale des deux mains, nou
velle attaque et Cerdan semble touché
mais réagit au visage et au corps.
Round à l'avantage cie Zale.
NET AVANTAGE A CERDAN
+■ CINQUIEME ROUND. — Cerdan
tourne autour de Zale et semble
rendu plus prudent. Corps à corps,
le combat est plus confus. Cerdan
part en crochets, Zale riposte, mais
Cerdan contre en crochets qui por
tent tous.
Attaque de Zale puis de Cerdan plus
efficace. Les deux boxeurs spufflent.
,Zale attaque en crochets gauche-
droit, puis uppercut. Cerdan attaque
violemment. Zale est touché. Encore
une attaque de Cerdan. Zale essaie
maintenant de tenir Cerdan à distan
ce.
Net avantage à Cerdan.
AVANTAGE A CERDAN
+ SIXIEME ROÜND. — Zale plus
découvert que Cerdan est surpris par
une attaque et touché par un cro
chet du gauche au visage. Cerdan at
taque toujours. Zale riposte en vio
lents crochets ; Cerdan se rue »ur
son adversaire qui se réfugie en corps
à corps. Trois gauches de Cerdan tou
chent Zale au visage.
Crochets du gauche et du droit ex
trêmement violents de Cerdan, mais
contrés par un direct du droit.
Les deux boxeurs semblent assez fa
tigués. Cerdan attaque et termine le
round sur deux nouveaux crochets.
Round en faveur de Cerdan.
AVANTAGE A CERDAN
-+> SEPTIEME ROLND. -- Cerdan
tourne toujours autour de Zale décou
vert tandis aue lui-même conserve su
garde fermée. Attaque de Cerdan en
crochets, riposte des deux mains de
Zale. Un terrible direct du droit tou
che l’Américair.. Zale semble extrême
ment fatigué. Il attaque pour se réfu
gier dans des corps à corps. Très vio
lente attaque de Cerdan, Zale est ac
culé dans les cordes. Séparation par
1 arbitre.
Cerdan se rue toujours à l’attaque
en crochets des deux mains et le
iound s'achève en corps à corps.
Cerdan revient dans son coin très
calme tandis que Zale est très mar
qué. »,
Round à Cërdan- .
AVANTAGE A CERDAN
^ HUITIEME ROUND. — Les deux
hommes se rendent coup pour coup
puis Marcèl reprend la direction du
combat et attaque au corps des deux
mains. Crochets des deux mains de
Cerdan corps à corps. Cerdan atta
que au corps et au visage. Plusieurs
assauts de Cerdan se terminent en
corps à corps que l’arbitre sépare.
Zale place des crochets au corps.
dan, devront faire leur deuil de leurs
projet. Il semble également admis,
dans l’esprit d e Cerdan, que les ti
tres de champion de France et d’Eu
rope n’ont plus aucune espèce d'im
portance. Tout cela n’est pas fait
pour nous étonner.
Félix LEVITAN.
Round peur Cerdan qui mène par
7 rounds contre 1.
A la mi-combat Cerdan mène
et parait à peine essouflé
NEUVIEME ROUND. — Cerdan
se sert de sa droite comme si elle
n’avait jamais été blessée. Molle at
taque de Zale à laquelle Cerdan ri
poste violemment en crochets des deux
mains. Zale tente de réagir mais ses
coups manquent de puissance. Attaque
de Cerdan, Zale perd son équilibre et
se réfugie en corps à corps. Encore
Cerdan à l’attaque, Zale tente de mar
quer des points en directs mais il est
violemment contré-
Round encore à l’avantage de Cer
dan.
NET AVANTAGE DE CERDAN
^ DIXIEME ROUND. — Zale atta
que le premier Deux crochets, un di
rect et Cerdan réagit, et ses coups
portent. Nombreux corps à corps sépa
rés par l’arbitre. Deux terribles cro
chets de Cerdan portent au visage de
Zale, celui-ci acculé dans les cordes
est touché mais se dégage. Zale sem
ble ébranlé par un violent crochet du
gauche au visage. Marcel attaque à
nouveau mais c’est ia fin du round-
Round à l’avantage très net de Cer
dan. Zale semble extrêmement fati
gué.
ONZIEME ROUND — D’entrée
Cerdan attaque mais est contré. Il re
commence c-t, accule Zale aux cordes.
Crochets des deux mains qui por
tent presque tous au corps et au vi
sage de Zaïe. Cerdan a toujours l’ini
tiative des attaques. Un direct de Zals
touche Cerdan au visage sans grand
mal- Cerdan réagit violemment et Zale
qui baisse sa garde encaisse de vio
lents crochets du gauche. Zale est
au sol. Mais alors qu il a encore un
genou au sol il est sauvé uar le gong.
Au début du douzième round Zale
est resté dans son coin et l’arbitre
Paul Cavalier proclame alors Cerdan,
champion du monde des poids moyens.
Avec la famille Cerdan
à Casablanca...
Casablanca (de notre correspondant
particulier). — Je viens d’accompa
gner Mme Cerdan et ses trois enfants
chez ses parents. Elle passera toute
la nuit à veiller chez son père, M.
Lopez
Ce soir, une table imposante se
dresse chez les beaux-parents et il
faut même accomplir un effort pour
caser tout le monde.
En veine de confidences, M. Lopez
me dit qu’il vient de recevoir aujour
d’hui une lettre de Marcel où il lui
dit notamment : « Papa, vous vous
rappelez qu'à mes débuts en boxe,
un vieux boxeur casablancais. Pari
sien d’origine et nommé Suberchicot,
m’avait dit que je serai un jour
champion du monde ! Lorsque je fus
champion d'Europe, il m’avait em
brassé et fêté. Si je suis demain ce
champion du monde, nous irons à
mon retour à Casa tous les deux au
cimetière fleurir la tombe de celui
qui avait tant eu confiance en moi. »
Pour la veillée, le programme a été
arrêté. De nombreuses personnes amies
de la famille arriveront pour suivre
ensemble le radio-reportage. Papa Lo
pez a mis bon ordre. On ne mangera
pas et on ne boira pas.
La joie à Casablanca
Casablanca (par téléphone). — Une
foule considérable a acclamé la vic
toire de Marcel Cerdan et c’est en
pleurant de Joie que Mme Cerdan a
répondu aux félicitations qui lui
étaient présentées.
Pesais a csâtesidu
le résultat du match
Paris (F.P.)- — Paris, qui n’est point
tout à fait redevenu la ville lumière
d’avant-guerre. a vibré cette nuit
d’une animation maintenant inaccou
tumée, après les douze coups d horlo
ge. Cerdan était l’objet de cette fiévie.
(
CHAMPION DU MON
au PALAIS DE CHAILLOT
M. Vincent Auriol
a ouvert la troisième session
de l’Assemblée de l’O.N.U.
L’ECHO D’ALGER
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Mercredi
22
Septembre
1948
37' année
13.681
PAR
SPECIAL DE NEW-YORK
et l’on procède au vote. Au second
tour, M. Herbert W. Evatt, ministre
des Affaires étrangères de l’Australie,
est élu, par 31 voix contre 20 à son
malheureux adversaire.
L'O.N.U. devra, dés demain, s’atta
quer aux quelque soixante questions
inscrites à son ordre du jour. Puis-
se-t-eïle nous apporter la paix, cette
paix pour laquelle est mort cet hom
me < de bonne volonté » qu’était le
comte Bernadotte. Puisse son ultime
sacrifice n’être pas vain.
“Avec angoisse nous voyons s'attiser
les foyers d'incendie; le monde se
paralyse lui-même par ses peurs, ses
égoïsmes, ses préjugés ... ”
P ARIS (de notre rédaction parisienne). — Toute la jour
née, des avions ont sillonné le ciel de Paris traçant en
signe de bienvenue les initiales de l’organisation des
Nations unies.
En effet, c’est h 15 heures que s'ou
vrait au Palais de Chaiilot la session
ar.nuèlle de l’Ô.N.U.
Le cadre choisi par M. Trygve Lie
est. le plus séduisant et le plus gran
diose de notre capitale : de la ter
rasse, des pelouses d’un vert étince
lant descendent en pentes douces jus
qu’aux bords de la Seine. Pénétrant
aàns l’aile gauche du palais dite « aile
de Paris », nous sommes frappés par
la magnificence des lieux. La -salle
a été entièrement transformée ; un a
surélevé la scène ou est installé le
bureau présidentiel. Les cinquante-
huit drapeaux entourant l’emblème
des Nations Unies — terre encerclée
par deux branches d’olivier — for
ment le fond mural.
Dehors, une foule difficilement con
tenue par un service d’ordre pourtant
Important, éclate en bravos et en
hourrahs : Mme Franklin Roosevelt
descend de voiture et est reconnue.
Entourant la pièce d’eau, la garde
républicaine en grand uniforme rend
les honneurs au president de la Ré
publique qui est reçu à sa descente de
voiture par te secrétaire général et le
conduit ensuite a la salle des séances
où M- Juan Atilio Bamuglia, ministre
des Affaires étrangères de la républi
que Argentine et président de la pré
cédente session, lui souhaité la bien
venue.
Le discours
de M. Vincent AURIOL
Prenant alors la parole, M. Vincent
Auriol déclare : < La France est heu
reuse et fière de recevoir à Paris la
troisième assemblée des Nations unies
C'est la cité d’où s’envola à travers le
monde la devise « Liberté, Egalité,
Fraternité » qui vous accueille, c'est
le peuple qui dans les plus sombres
Jours garda intacte et invincible l’es
pérance, qui vous salue aujourd’hui
avec Joie et confiance »
Puis M. Vincent Auriol rend hom
mage à la Charte de l'Atlantique.
« Trois ans sont passés, depuis la
fin des hostilités mondiales. Il ne
semble pas, pour autant, qu’on se
soit approché de la paix. L’insécurité
demeure. Des passions et des inté
rêts viennent irriter et compliquer les
oppositions déjà existantes. Les ma
lentendus croissent. Les intransigean
ces »e crispent. Les négociations traî
nent. Les traités restent en suspens.
Avec Inquiétude, nous sentons gran
dir la méfiance entre les peuples.
Avec angoisse, nous voyons s’attiser
le», foyers d’incendie. Le monde se
paralyse lui-même par ses peurs, ses
égoïsmes, ses préjugés.
v Le bon sens des peuples inter
roge : s’il est vrai que toutes les na
tions veulent la paix, s’il est vrai
que tous les gouvernements déclarent
la guerre effroyable et absurde,
qù’est-ce donc qui fait obstacle à
l’organisation de la paix ?
» Il suffirait d’une bien faible par
tie des ressources et des revenus qui
Ont été prodigués dans la guerre pour
assurer durablement la coopération
politique et économique des nations.
Et les principes solennellement pro
clamés: les pactes solennellement
conclus, les engagements jurés, ne
«eront-ils que la charte des morts,
quand ils doivent être la sauvegarde
des vivants ? »
Le président de la République, lon
guement applaudi, se retire et, après
un très long discours, M. Juan Atilio
Bamuglia déclare ouverte la troisième
session de l’O.N.U.
M. Evatt est élu président
de l'Assemblée
Avant de passer au vote pour la
présidence, M. Trygye Lie prononce
l’éloge funèbre du comte Bernadotte
et du colonel Serot. Une minute de
silence est observée par les délégués
M. Spaak, élu président
de la Commission politique
Palais de Chaiilot (F.P.). ■— Après
l’élection de M. Evatt à la présidence
de l’Assemblée, celle-ci s’est ajournée
et transformée en commission politi
que qui a élu comme président M.
Spaak, premier ministre de Belgique,
par 48 voix contre 7.
Pour des raisons spéciales
La France avait décliné
la candidature à la présidence
Paris (F.P.). — La délégation lati
no-américaine. qui s’était rendue au
près de M. Robert Schuman pour in
citer la France à poser sa candida
ture à la présidence de la troisième
session de l’O.N.U., est revenue, vers
minuit, à la légation de Colombie,
rapportant la réponse négative du
président du Conseil français. Celui-
ci, tout en remerciant encore une
fois les latino-américains pour l hom-
mage qu’ils rendent à la France, n’a
PU que décliner, une fols de plus,
leur proposition. Il a réaffirmé que
son pays, pour des raisons spéciales
ne ferait pas acte de candidature à
l’assemblée.
Sir Oliver Harvey, ambassadeur de Grande-Bretagne
et M. Bevin au Quai d’Orsay
Schuman
La question
palestinienne
Les conclusions
du rapport
Bernadotte :
BASE «TABLE
BE RÈGLEMENT
déclare M. Marshall
Palais de Chaiilot (F.P.). — Dans
une déclaration écrite, remise cet
après-midi à la presse, M. Marshall,
secrétaire d’Etat américain, déclare
que « les conclusions du rapport du
comte Bernadotte constituent une
base équitable pour le réglement de la
question de Palestine ».
Le représentant des Etats-Unis à
l’assemblée de l’ON.U. ajoute que le
gouvernement américain Insiste vive
ment auprès des parties intéressées et
auprès de l'assemblée pour que les
conclusions du nîédiateur disparu
soient adoptées dans leur ensemble
comme base du rétablissement de la
paix en Palestine.
La dépouille mortelle
du colonel Sérot
est arrivée à Paris
Paris (F.P.). — Les deux avions
transportant les corps du comte Ber
nadette et du colonel Serot sont ar
rivés à Orly à 11 h. 15.
L'avion transportant le corps du
comte Bernadotte a quitté Orly à ml
di, après la cérémonie qui s’est dérou
lée sur l’aérodrcme.
La dépouille mortelle
du comte Bernadotte
est arrivée à Stockholm
Stockholm. — La dépouille mortelle
du comte Bernadotte est arrivée ce
soir, à 18 heures, à Stockholm. Une
courte cérémonie a eu iiêu à l’aéro
drome Bromma, en présence de la
veuve du comte et de ses fils, du
prince Oscar Bernadotte. de la prin
cesse Sibylle et du ministre des Af
faires étrangères suédois, M. Unden.
Tony ZALE
ar aba
P ™
a ï£tï
VI A-W.
nvoyes spéciaux
LÉVITAN
ROUSSEL
ERN UNION
APRES LES INCIDENTS
DE GRENOBLE
Les obsèques de M. Voitroin
ont eu lieu hier
Grenoble (F.P.). — Les obsèques de
M. Lucien Voitrain, mort samedi à
Grenoble lors de la venue du général
de Gaulle ont eu lieu cet après-midi
sans incident.
635.000 prisonniers
allemands n'ont pas encore
été rapatriés
Hambourg (F.P.). — D’après le ser
vice de recherches des prisonniers de
guerre allemands. 635.000 prisonniers
allemands n’auraient pas encore été
rapatriés. Sur ce chiffre, 425.000 se
trouveraient encore en Russie et en
Roumanie.
Les incidenis de Grenoble
évoqués à FÆssemMée
La confiance est votée au gouvernement
pour assurer le maintien de l’ordre public
Le décret Régnier est abrogé
P
ARIS (F.P.). — La séance de l'Assemblée est ouverte à 15 heures
sous la présidence de M. Hefriot, en présence de M. Jules Moch,
ministre de l'Intérieur. L'ordre du jour appelle la fixation de
Dufour (com.) et Grimaud (M.R.P.)
la date des interpellations de MM.
sur les incidents de Grenoble.
Le débat' a pris aussitôt un carac
tère politique. Il a duré plus de qua
tre heures.
« La République sera défendue »,
s’est écrié M. Jules Moch à la fin
d’un discours et à la fin du débat,
c’est par 330 vçix contre 181, celles
des communistes, que la priorité a été
donnée à l’ordre du jour Cudenet-de
Menthon-Lu.ssy, qui fait confiance au
gouvernement pour « assurer le main
tien et le cas échéant la défense des
libertés républicaines et l’ordre pu
blic ».
« Nous ferons appel dans le pays
â l’union de tous les républicains »,
s’est écrié le président du groupe so
cialiste, M. Lussy, « et nous défen
drons la liberté envers et contre
tous ».
Version des incidents
Cette déclaration résumait celles
faites précédemment par MM. Poim-
beuf (M.R.P.) et Lebail (socialiste).
Les deux députés de l’Isère, MM, Du-
iour et Grimaud, font un récit des
incidents et le mini:tre de l’Intérieur
déclare que ce récit paraissait exact.
— Lorsque vers la fin de l’après-
midi le général de Gaulle eut parlé,
son entourage lui conseilla de quitter
Au cours de leur deuxième réunion sur Y affaire de Berlin
ont abouti
accord
pense-t-on à Washington
Les généraux Clay, Robertson, Kœnig ont égale
ment tenu conseil au Quai d’Orsay
Les trois
à un
P ARIS (F.P.). — La seconde réunion des trois ministres
des Affaires étrangères des puissances occidentales ou
verte au Quai d’Orsay à 18 heures s’est terminée à 20
heures.
A 17 h. 50, MM. Schuman et Couve
de Murvllle arrivaient, venant du pa
lais de Chaiilot, suivis bientôt de
M fil. Jefferson Oaffery et Mac Neil.
A 1? h. exactement, MM. Marshall
et Bevin paraissaient à leur tour. Le
général Kœnig descendit de voiture
moins d’une minute plus tard.
La question allemande a fait l’ob
jet de cette deuxième réunion comme
de celle d’hier. M. Marshall, qui
tervalle par MM. Mac Neil et Charles
Bohlen, les entretiens ont continué
entre les trois généraux Lucius Clay,
Robertson et Kœnig et leurs consile-
lers qui ont quitté le Quai d’Orsay à
20 h. 20.
M. Bevin a regagné Londres
Paris. — M. Bevin, secrétaire d’Etat
est au Foreign Office, est- reparti, ce soir
corfcl le premier, a répondu aux jour- pour Londres afin de participer de-
nali.stes : < Pas de commentaires ». main au débat de politique étrangère
M. Bevin est descendu ensuite se des Communes. Il sera de retour a
refusant également à toute déclara- Paris jeudi matin,
tion.
Le départ de M. Bevin est inter
prété dans les milieux diplomatiques
de Washington comme signifiant que
les trois ministres des Affaires étran
gères ont abouti à Paris à une con-
p-il- ( yp) — Après le départ de clusion quant à la suite qu’ils ont
M Georges Marshall et de M. Ernest l’intention de donner à 1 affaire de
Bevin, suivis à quelques minutes d’in- Berlin.
Entretiens des gouverneurs
des zones occidentales
rapidement la ville pour éviter les
incidents. Les communistes tenaient,
une réunion à un kilomètre de là et
avaient promis de ne pas se rendre
là où le général parlait. Mais quand
la nouvelle parvint que le chef du
R.P.F. s’en était allé, les manifestants
communistes se dirigèrent vers l’en
droit où le R.P.F. avait tenu sa réu
nion. A ce moment, les voitures jeep,
sur lesquelles se trouvaient notam
ment des hommes de couleur, se ren
contrèrent avec le cortège commùniste
et on tira sur celui-ci. Puis les voi
tures quittèrent la ville. Cependant,
les communistes réagissaient, alors
que les membres R.P.F., habitant Gre
noble, se réfugiaient dans une salle
où la police procéda à une fouille.
Aucune arme ne fut trouvée sur eux.
Demandes d'explications
Aucune contestation n’intervenant
sur les faits, sauf de la part de AI.
Terrenoire, qui n’apporte aucun élé
ment nouveau, c’est sur l’écrit qui
animait les manifestants que s’est
étendu le débat.
M. Grimaud a demandé : « Le choc
s’étant produit avec la garde du gé
néral de Gaulle, comment se fait-il
que dans cette garde se trouvaient
des officiers en tenue ? Qui leur a
donné la permission nécessaire ? D’où
viennent les autos, les jeeps, l’essence
du général ? »
Un autre membre du M.R.P., M.
Poimbœuf, prend à partie directement
le général de Gaulle : « Quand on
célèbre le libérateur exclusif on mé
connaît la résistance active et inces
sante d’un peuple. Quand cet homme
était au pouvoir avec une Assemblée
sans pouvoir, qu’a-t-il fait ? »
♦ SUITE PAGE 3
Le Conseil
de la République
aborde la discussion
des projets fiscaux
Paris (F.P.). — Le Conseil a abordé
cet après-midi la discussion du pro
jet de redressement financier. Par
214 voix contre 87, il a repoussé la
question préalable, posée par M. Ber
lioz, au nom du groupe communiste.
Au cours de la discussion générale
qui s’est poursuivie en séance de nuit,
Mme Brion (com.) a annoncé que son
groupe votera contre le projet. Pour
M. Reverbori (soc.) il faut avant tout
en finir avec le déséquilibre des sa
laires et des px*ix qui ne peut aboutir
qu’à des désordres souhaités par les
fauteurs de troubles.
Le groupe socialiste demande au
gouvernement de préciser quelles sont
les satisfactions qu’il va pouvoir ap
porter aux légitimes réclamations des
salariés, comment va-t-il faire baisser
les prix de certains produits essentiels
comme la viande ? Que compte-t-il
faire pour les vieux ?
A la demande de M. Brunhes (R-
G.R.). la prochaine séance est fixée
à demain mercredi 15 heures.
En Conseil de cabinet
Première étude
du problème
salaires-prix
Le gouvernement s'oriente
vers une politique de baisse
di» prix de la viande
Paris (F.P.). — Le Conseil de ca
binet. réuni ce matin à 11 heures,
a poursuivi ses délibérations jusqu'à
13 h 30.
A l’issue de la réunion, M. François
Mitterand, secrétaire d’Etat à la Pré
sidence. a déclaxé : « Les membres
du gouvernement se sont penchés
particulièrement sur les problèmes
des salaires et des prix. Cette ques
tion sera à nouveau étudiée demain
en Conseil des ministres »• /
D’autre part, MM. Coudé du Fo-
resto et Pflimlin sont Intervenus sur
le problème de la viande. M. Mitte
rand a fait remarauer, à ce sujet
que le gouvernement s’orientait vers
une politique de baisse du prix dé
la viande.
En ce qui concerne le projet de loi
relatif aux élections cantonales le
secrétaire d’Etat à la Présidence a in
diqué que l’Assemblée était maîtresse
de ses décisions, et que le gouverne
ment entendait observer sur cette
question une stricte neutralité.
Le Conseil des ministres
se réunit- ce matin
Paris (F.P.). — Le Conseil des mi
nistres se réunira demain matin, à
9 h. 30. à l’Elysée, sous la présidence
de M. Auriol.
L’ordre du jour prévoit tout d’abord
une communication de M. Robert
Schuman sur la situation internatio
nale. Le Conseil sera également con
sacré à l’expédition d'un certain nom
bre d’affairss courantes ainsi qu’à la
discussion des méthodes de prépara
tion du programme d’investissement
pour l’année 1949.
M. Naegelen a éfé reçu
par M. Vincent Auriol
Paris (F.P.). — Le président de la
République a reçu notamment au
cours de la matinée, MM. Naegelen.
gouverneur général de l’Algérie ; M.
Surdon, président de la cour d’appel
d’Alger, et Bidet, conseiller de l’Union
française.
, LE GOUVERNEMENT DANOIS a in
formé officiellement la Ligue arabe
qu’il prenait à sa charge l’entretien de
dix mille réfugiés arabes de Palestine.
L’AMIRAUTE BRITANNIQUE vient
d’ordonner la remise en état immé
diate d’un certain nombre de navires
de la flotte de réserve. Une centaine
de ces navires seront ainsi révisés
avant la fin de l’année.
UNE. EXPEDITION BRITANNIQUE
a découvero, dans les parages des îles
Falkland, quatre Ilôts non encore
portés sur les cartes marines.
DES BAGARRES ont eu lieu à Bruxel
les au cours d’une manifestation or
ganisée par les amitiés bélgo-sovièti-
ques pour protester contre la projec
tion du film américain € Le rideau
de fer ». v
au 12 e round
Le champion français
dominé
New-York (via Western Union). — Un journaliste est-il un homme comme
es autres . Ou, plus exactement, peut-il en conscience se considérer semblable
* u * autres nommes et laisser parler son cœur parfois même contre la logique
a l impitoyable rigidité ? Je me suis déjà posé ces questions, hier soir, après
avoir dîné avec Marcel Cerdan et en me mêlant à la foule bigarrée de Broadway
où les enseignes lumineuses clignotent à un rythme endiablé et ruissellent
tout au long des maisons comme des cascades étincelantes .
Pourquoi ? Parce qu’c l’heure meme ____________
Le sourire confiant de Marcel Cerdan
La pesée des deux champions
New-Jersey (F.P.). — La pesée de
Tony Zale et de Marcel Cerdan a don
né lieu aujourd’hui, au gymnase de
Jersey Garden, à une interminable
cérémonie.
Avant de monter sur la bascule, les
deux rivaux durent se prêter à une
répétition générale au profit des pho
tographes, abusant sans pitié de la
bonne volonté des deux champions
qui, se souriant au - début, devinrent
par la suite manifestement nerveux.
Commencées à midi dans la petite
salle du gymnase, pleine à craquer de
journalistes, photographes et' cinéas
tes, les formalités ne prirent fin qu'à
lïildi quai an ter Avant la pesée, tan
dis que la basucule était vérifiée par
des représentants de l’Office des poids
et mesures. Cerdan et Zale furent
examinés par le docteur de la Com
mission de boxe de l’Etat de New-
Jersey qui confirma la bonne condi
tion physique des deux hommes.
Zale :
Cerdan
72 kg. 12!
: 71 kg. 667
Entouré de ses managers Sam Piam
et At Winch, Tony Zale se dévêtit
puis monta sur la bascule qui accusa
72 kgs 121. Cerdan lui succéda aussi
tôt et M. Abe Green, président du la
N.B.A., annonça 71 kgs 667. « Il y a
longtemps que Je n’avais été aussi
léger », lança joyeusement Cerdan,
qui a précisé n’avoir mangé que très
légèrement hier soir.
Tandis que le boxeur français an
nonçait vouloir dévorer maintenant
un steak « grand comme ça », Lucien
Roupp déclarait : « Afin d’éviter la
mésaventure de Chicago, le docteur
Jurmaud veillera sur la nourriture de
Marcel et prendra garde à ce qu’il
ne mange pas avec avidité ».
Au Roosevelt-Stadium
30.000 spectateurs environ ont pris
place rapidement dans le stade en
plein air du Roesevelt Stadium de
Jersey-City. Les drapeaux français et
américain flottent au mat du stade.
Les compatriotes de Cerdan sont
nombreux. La cote à considérable
ment, remonté en faveur du cham
pion d’Europe.
Quelques instants avant le début du
match, Georges Carpentier s’approche
du micro et s’adresse aux sportifs
français pour les rassurer sur la forme
et la confiance de Marcel Cerdan.
Celui-ci, en effet, semble particu
lièrement calme et charge le reporter
de la radiodiffusion d’un message à
l’intention de sa femme et ses enfants
à qui il tient à dire qu’il leur rappor
tera le titre de champion du monde.
A 9 h. 56, heure américaine, le
speaker, avant même que les boxeurs
montent sur le ring, annonce le cham
pionnat du monde et présente les
vedettes venues assister au match. Il
annonce les poids : Cerdan : 71 kg.
667 ; Zale : 72 kg. 121»
Accompagné de Lucien Roupp et
protégé par les policemen, Cerdan ar
rive le premier au bord du ring. Il
est obligé d’attendre la fin des pré
sentations et monte enfin sur le ring,
bientôt rejoint par Tony Zale qui va
aussitôt lui serrer la main. La diffé
rence d’allure des deux boxeurs frappe
les spectateurs, le Français plus petit
mais plus trapu et semblant bien
plus souple.
Et c’est la « Marseillaise ». Les
30.000 spectateurs se lèvent et applau
dissent-la fin de "notre hymne natio
nal. Une vedette de la radio américai
ne monte sur le ring et chante l’hym
ne « Star Sprangeld Banner ». Le
speaker présente les boxeur:
l’appel de son nom, se lève à peine de
son tabouret. Les applaudissements
sont bien plus nourris pour Zale. Et
dans une atmosphère assez nerveuse
c’est le premier coup de gong.
où Marcel Cerdan touche au but et
qu’il nous faut du même coup formu
ler un pronostic sur l’issue du combat,
je ne suis pas certain du tout de pou
voir préjuger de l’avenir avec tout le
bon ^ sens désirable. L’amitié qui me
lie à Cerdan, plus sans doute que cer
tains confrères (parce que la sympa
thie ne s’explique pas, qu’elle naît dans
un mouvement spontané et ne subit
souvent ni l’altération des ans ni celle
de l’éloignement ) me fait espérer en
son succès. D’autres , je le sais, ont eu
le courage —— à moins que ce ne soit
vne certaine fraîcheur de sentiment à
l’égard de Cerdan — de ne pas le sup
poser capable de battre Tony Zale.
Peut-être seront-ils dans le Vrai. Mais,
au ri-que de prendre certaine licence
avec les règles journalistiques qui exi
gent une parfaite objectivité, je pré
fère, à six mille kilomètres de notre
patrie commune, me laisser entraîner
par un engouement aveugle plutôt que
de refréner mes élans avec une sévé
rité fort honorable en soi mais qui m’ap-
parait monstrueuse lorsque j’y réfléchis
bien et imagtfie à l’avance l’émotion qui
va m’étreindre lorsque, dans quelques
instants, je me retrouverai à mon banc
de la presse au centre de la pelouse
du Roosevelt Stadium, entouré des
30.000 spectateurs Venus assister au
massacre du « frenchman » dont on leur
a dit et répété, dans leurs gazettes
de cinquante pages, qu’il ne dépasserait
pas cinq rounds.
Je n’aurai pas l’audace, si mes con
frères américains sont muets, d’encou
rager Cerdan, mais je me promets bien,
par contre, si j’en entends un seul for
muler un encouragement à l’adresse de
Tony Zale, de hurler des : « Vos-y Mar
cel... » comme le plus forcené des ha
bitués des populaires du Vél’ d’Hiv’. Ce
sera la première fois, en vingt ans de
journalisme, que je m’abandonnerai, mais
au moins en vaudra-t-elle la peine...
Un message de Cerdan
aux sportifs français
« Soyez persuadés que je ne serai
Marcel a pas k.o. Je souffrirai certes parce que
la bataille sera très dure, mais je res
terai debout.
» Je me méfierai pendant cinq
rounds et pendant ce temps Zale ne
verra pas un pouce de mon menton. »
Tony Zale
Le film du combat
AVANTAGE A CERDAN
PREMIER ROUND. — Cerdan at
taque le premier. Zale répond en cro
chets. Cerdan riposte en crochets.
Deux corps à corps séparés par l’ar
bitre. Encore deux corps à corps. Za
le attaque encore, Marcel joue des
gants, puis crochets gauche, droit. At
taque violente et Zale est touché au
menton. Excellente garde de Cerdan.
crochets au visage de Cerdan. Un
terrible crochet du gauche de Cer
dan touche. Cerdan mène. Légère at
taque de Zale. Cerdan reprend. Deux
crochets touchent Zale. Mais ce;ui-
cl riposte violemment.
Round pour Cerdan. Zale a paru
surpris par la vitesse de Cerdan. La
droite de Cerdan est efficace.
AVANTAGE A CERDAN
^ DEUXIEME ROUND. — Garde
fermée de Cerdan. Attaque très vio
lente du Français, riposte de Zale. Cer
dan réagit vite en crochets.'L’arbitre
sépare deux fois les adversaires. Zale
essaie de placer un uppeicut qui se
perd- Un direct du gauche touche
Cerdan qui saigne légèrement d’une
coupure au front. Vaines attaques de
Zale. Nouvelles attaques de Cerdan en
crochets. Zale ralentit et s’appuie dans
les corps à corps.
La blessure de Cerdan semble due
à un coup de tête.
Avantage du round à Cerdan.
4 y TROISIEME ROUND. — Obser
vation. directs réciproques du gau
che qui ne touchent pas. Violente
attaque de Zale terminée en corps à
"Je ne boxerai plus
que pour le titre mondial”
m’a déclaré CERDAN
(De notre envoyé spécial F. LEVITAN)
N
EW-YORK vio Western-Union (de notre envoyé spécial). — Dons
le vestiaire de Cerdan, nous avons laissé s'écouler le flot des
admirateurs venus féliciter le nouveau champion du monde et
dans une intimité relative enfin recouvrée nous avons voulu rappeler
à Marcel ce qu'il nous avait confié sur ses projets. Il avait d abord été
très éticent craignant qu'il lui soit tenu rigueur de confidences mal in
terprétées. Enfin rassuré et au surplus mis en confiance par notre vieil
le amitié, Marcel avait consenti à se livrer.
« Voilà ! C’est tout simple, dit-il.
Comme j’étais monté sur le ring avec
l’idée que je l’emporterai certainement,
j’ai basé tout mon avenir sur le titre
de champion du monde. Je me suis
résolu à ne jamais plus combattre à
droite et à gauche, contre tel ou tel
adversaire, qu’il soit Français ou étran
ger, petit, gros ou moyen ; blond,
brun ou roux. Je ne boxerai plus que
pour le titre mondial. D’abord, une re
vanche avec Zale, elle est obligatoire.
Vous ne saviez peut-être pas que je
ne toucherai pas de bourse pour mon
combat de ce soir. Je ne l’encaisserai
qu’après le match revanche. Puisque
j’ai battu Tony Zale une fois, il est
probable que je le battrai un e seconde.
Je suis plus jeune que lui, donc les
ans qui passent sont plus lourds
porter nour lui que pour moi. »
— Alors, c’en est fini de vos mat-
ches en France ?
— Vous pouvez dire en Europe, ouV
Je m’en excuse auprès de tous nies
amis, mais ils comprendront, j’en suis
sûr, qu’un champion du monde doit
conserver ses forces intactes en vue
de la revanche qu’il doit disputer.
» Ma carrière sera, dès lors, sem
blable à celle de Joe Louis. Deux
grands matclies par an préparés soi
gneusement, longtemps à l’avance,
après des mois de repos; des exhibi
tions, tant qu’on voudra, mais pas
de batailles. Si mes mains réparées
tiennent bon mardi, il s.era indispen
sable de les conserver intactes pour
d’autres choses d’égale importance.
Encore une fois, j’en serais désolé
pour mes compatriotes, mais il ne
m’est pas possible d’agir différem
ment. Cela ne serait pas sage. »
La résolution de Marcel ne va pas
manquer de révolutionner la prochai-
ne saison pugilistique en Europe. Les
organisateurs “ parisiens, bruxellois et
londoniens, qui comptaient sur Cer- cerdan^ accule Zale dans les cordes
corps. Zale attaque en crochets. Nom
breux corps à corps séparés par l’ar
bitre. Cerdan poussé dans les cor
des réagit violemment. Crochets de
Cerdan. Zale a les traits tirés. Ter
rible crochet de Cerdan mais Zale
contre. Attaque de Cerdan en cro
chets des deux mains. Corps à corps
et Zale s’appuie de plus en plus sur
Cerdan.
Round en léger avantage de Cer
dan.
^ QUATRIEME ROUND. — Légers
directs de Zale à la face de Cerdan-
Corps à corps séparés. Cerdan ferme
toujours sa garde et attaque en cro
chets, Zale riposte et rentre en corps
à corps. Crochets des deux mains de
Zale. Cerdan a un jeu de jambes ma-
enifique qui déconcerte Zale. Violente
attaque de Zale des deux mains, nou
velle attaque et Cerdan semble touché
mais réagit au visage et au corps.
Round à l'avantage cie Zale.
NET AVANTAGE A CERDAN
+■ CINQUIEME ROUND. — Cerdan
tourne autour de Zale et semble
rendu plus prudent. Corps à corps,
le combat est plus confus. Cerdan
part en crochets, Zale riposte, mais
Cerdan contre en crochets qui por
tent tous.
Attaque de Zale puis de Cerdan plus
efficace. Les deux boxeurs spufflent.
,Zale attaque en crochets gauche-
droit, puis uppercut. Cerdan attaque
violemment. Zale est touché. Encore
une attaque de Cerdan. Zale essaie
maintenant de tenir Cerdan à distan
ce.
Net avantage à Cerdan.
AVANTAGE A CERDAN
+ SIXIEME ROÜND. — Zale plus
découvert que Cerdan est surpris par
une attaque et touché par un cro
chet du gauche au visage. Cerdan at
taque toujours. Zale riposte en vio
lents crochets ; Cerdan se rue »ur
son adversaire qui se réfugie en corps
à corps. Trois gauches de Cerdan tou
chent Zale au visage.
Crochets du gauche et du droit ex
trêmement violents de Cerdan, mais
contrés par un direct du droit.
Les deux boxeurs semblent assez fa
tigués. Cerdan attaque et termine le
round sur deux nouveaux crochets.
Round en faveur de Cerdan.
AVANTAGE A CERDAN
-+> SEPTIEME ROLND. -- Cerdan
tourne toujours autour de Zale décou
vert tandis aue lui-même conserve su
garde fermée. Attaque de Cerdan en
crochets, riposte des deux mains de
Zale. Un terrible direct du droit tou
che l’Américair.. Zale semble extrême
ment fatigué. Il attaque pour se réfu
gier dans des corps à corps. Très vio
lente attaque de Cerdan, Zale est ac
culé dans les cordes. Séparation par
1 arbitre.
Cerdan se rue toujours à l’attaque
en crochets des deux mains et le
iound s'achève en corps à corps.
Cerdan revient dans son coin très
calme tandis que Zale est très mar
qué. »,
Round à Cërdan- .
AVANTAGE A CERDAN
^ HUITIEME ROUND. — Les deux
hommes se rendent coup pour coup
puis Marcèl reprend la direction du
combat et attaque au corps des deux
mains. Crochets des deux mains de
Cerdan corps à corps. Cerdan atta
que au corps et au visage. Plusieurs
assauts de Cerdan se terminent en
corps à corps que l’arbitre sépare.
Zale place des crochets au corps.
dan, devront faire leur deuil de leurs
projet. Il semble également admis,
dans l’esprit d e Cerdan, que les ti
tres de champion de France et d’Eu
rope n’ont plus aucune espèce d'im
portance. Tout cela n’est pas fait
pour nous étonner.
Félix LEVITAN.
Round peur Cerdan qui mène par
7 rounds contre 1.
A la mi-combat Cerdan mène
et parait à peine essouflé
NEUVIEME ROUND. — Cerdan
se sert de sa droite comme si elle
n’avait jamais été blessée. Molle at
taque de Zale à laquelle Cerdan ri
poste violemment en crochets des deux
mains. Zale tente de réagir mais ses
coups manquent de puissance. Attaque
de Cerdan, Zale perd son équilibre et
se réfugie en corps à corps. Encore
Cerdan à l’attaque, Zale tente de mar
quer des points en directs mais il est
violemment contré-
Round encore à l’avantage de Cer
dan.
NET AVANTAGE DE CERDAN
^ DIXIEME ROUND. — Zale atta
que le premier Deux crochets, un di
rect et Cerdan réagit, et ses coups
portent. Nombreux corps à corps sépa
rés par l’arbitre. Deux terribles cro
chets de Cerdan portent au visage de
Zale, celui-ci acculé dans les cordes
est touché mais se dégage. Zale sem
ble ébranlé par un violent crochet du
gauche au visage. Marcel attaque à
nouveau mais c’est ia fin du round-
Round à l’avantage très net de Cer
dan. Zale semble extrêmement fati
gué.
ONZIEME ROUND — D’entrée
Cerdan attaque mais est contré. Il re
commence c-t, accule Zale aux cordes.
Crochets des deux mains qui por
tent presque tous au corps et au vi
sage de Zaïe. Cerdan a toujours l’ini
tiative des attaques. Un direct de Zals
touche Cerdan au visage sans grand
mal- Cerdan réagit violemment et Zale
qui baisse sa garde encaisse de vio
lents crochets du gauche. Zale est
au sol. Mais alors qu il a encore un
genou au sol il est sauvé uar le gong.
Au début du douzième round Zale
est resté dans son coin et l’arbitre
Paul Cavalier proclame alors Cerdan,
champion du monde des poids moyens.
Avec la famille Cerdan
à Casablanca...
Casablanca (de notre correspondant
particulier). — Je viens d’accompa
gner Mme Cerdan et ses trois enfants
chez ses parents. Elle passera toute
la nuit à veiller chez son père, M.
Lopez
Ce soir, une table imposante se
dresse chez les beaux-parents et il
faut même accomplir un effort pour
caser tout le monde.
En veine de confidences, M. Lopez
me dit qu’il vient de recevoir aujour
d’hui une lettre de Marcel où il lui
dit notamment : « Papa, vous vous
rappelez qu'à mes débuts en boxe,
un vieux boxeur casablancais. Pari
sien d’origine et nommé Suberchicot,
m’avait dit que je serai un jour
champion du monde ! Lorsque je fus
champion d'Europe, il m’avait em
brassé et fêté. Si je suis demain ce
champion du monde, nous irons à
mon retour à Casa tous les deux au
cimetière fleurir la tombe de celui
qui avait tant eu confiance en moi. »
Pour la veillée, le programme a été
arrêté. De nombreuses personnes amies
de la famille arriveront pour suivre
ensemble le radio-reportage. Papa Lo
pez a mis bon ordre. On ne mangera
pas et on ne boira pas.
La joie à Casablanca
Casablanca (par téléphone). — Une
foule considérable a acclamé la vic
toire de Marcel Cerdan et c’est en
pleurant de Joie que Mme Cerdan a
répondu aux félicitations qui lui
étaient présentées.
Pesais a csâtesidu
le résultat du match
Paris (F.P.)- — Paris, qui n’est point
tout à fait redevenu la ville lumière
d’avant-guerre. a vibré cette nuit
d’une animation maintenant inaccou
tumée, après les douze coups d horlo
ge. Cerdan était l’objet de cette fiévie.
(
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